L'alimentation n'est durable
que si elle est complexe


Voici un titre qui n’est pas très vendeur nous direz-vous. En effet, nous sommes dans une société qui aime la simplicité parfois même jusqu’à se réduire à une approche binaire : bien et mal (durable et pas durable).

Or, comme pour beaucoup d’autres matières, pour vous parler correctement d’alimentation durable, nous devons aborder le sujet dans sa complexité ou dans sa richesse pour utiliser un terme à connotation plus positive.

Comme souligné dans le dernier cahier de prospective de l’IWEPS, l’approche systémique de l’alimentation durable est incontournable. On parle d’ailleurs souvent de Systèmes alimentaires durables ce qui est plus juste mais alourdit un terme déjà compliqué. Que ce soit par les différentes thématiques en lien avec l’alimentation (la santé, le social, l’environnement, l’économie, l’agriculture) ou par l’échelle de son approche (locale, régionale, nationale, européenne ou mondiale) ou encore par sa technicité (production, transformation, distribution, logistique ou transport…) : toutes ces dimensions doivent être analysées pour évaluer sa durabilité.

L'alimentation durable complexe ? Un exemple concret

Pour démontrer cette complexité, rien de tel que de partir d’un exemple concret. En effet, nous entendons de plus en plus souvent parler d’alimentation locale, de relocalisation de notre alimentation, de la part de nombreux acteur·rices, y compris la Cellule Manger Demain. Le local a la cote, en tous cas dans les vocables utilisés. Cependant, une alimentation locale peut-elle être assimilée à une alimentation durable ? Evidemment, si nous posons la question, vous nous voyez sans doute venir avec nos gros sabots… Nous sommes nombreux à avoir passé un ou plusieurs jours sur le site de la Foire agricole de Libramont cet été. Après avoir mangé burgers et pittas confectionnés, certes, avec des ingrédients locaux, nous nous sommes questionnés sur cette approche limitée de la durabilité. En effet, entre chips, bières et autres sodas locaux, force est de constater qu’il y a encore du chemin à parcourir, en termes de santé nutritionnelle notamment.

La transition alimentaire: un cheminement

L’alimentation durable n’est pas un état de fait mais bien un processus, un cheminement, une transition. Il n’y a pas de ligne d’arrivée et chacun progressera à son rythme. Ceci sous-entend que nous avons encore du pain sur la planche ! Comprenons-nous bien, manger un burger local nous engage déjà sur ce chemin de la durabilité, et c’est une bonne chose. Mais ne tombons pas dans le piège de la simplicité : local=durable. C’est la main tendue aux oppositions, car d’autres défendront que bio=durable ou bien qu’équilibré=durable. Individuellement, aucune de ces affirmations n’est totalement juste mais aucune n’est totalement fausse non plus et les priorités entre elles sont propres à chacun·e.

La transition alimentaire: une riche complexité

Enrichissons notre démarche de transition par nos priorités personnelles mais ne nous contentons pas d’une approche simpliste. La nécessité d’une approche holistique, la Cellule Manger Demain en est consciente et souhaite, notamment au travers du label Cantines durables, lutter contre la malbouffe, rendre accessible une alimentation de qualité aux personnes précarisées, lutter contre le gaspillage alimentaire, proposer une alimentation produite en respectant l’environnement et le bien-être animal, proposer une alimentation locale et rémunératrice, travailler sur les structures et les méthodes de gouvernance, et encore beaucoup d’autres aspects qui complexifient mais enrichissent notre transition alimentaire.

Parfois, sur le moment, la complexité fait mal à la tête mais, à terme, elle est source d’émancipation et de bien-être. A la Cellule Manger Demain, nous nous engageons sur ce chemin. Et vous ?

Sources

Manger Demain