Les liens entre alimentation et climat au travers des phénomènes météorologiques extrêmes
Inondations en Europe, vague de chaleur au Canada… : Le changement climatique est-il à l’origine de ces phénomènes météorologiques extrêmes récemment connus à travers le monde ? Que disent les rapports du GIEC et le Règlement UE 2021/1119 dit « Loi climat européenne » ? Pour en savoir plus sur les liens entre changements climatiques, phénomènes extrêmes et alimentation, nous vous proposons à travers cet article un résumé des informations, scientifiques notamment, publiées à ce sujet.
Les nombreux rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont annoncé à de nombreuses reprises les différents effets du réchauffement climatique et les conséquences que celui-ci pourrait avoir sur l’humanité, notamment. Jean-Pascale Van Ypersele, invité sur le plateau du journal de La Une le 15 juillet dernier, lui-même membre du GIEC, rappelait que le premier rapport du GIEC de 1990 annonçait déjà des périodes de pluies et de sécheresses extrêmes : « L’effet de serre accentuera les deux extrêmes du cycle hydrologique, c’est-à-dire qu’il y aura plus d’épisodes de pluies extrêmement abondantes et plus de sécheresses prononcées », rappelant que les inondations et sécheresses étaient prévisibles et que l’avis de ces experts est trop peu souvent pris en considération.
En effet, une partie de l’Europe dont la Belgique a été sévèrement touchée par les inondations du mois de juillet. Cette crue est notamment due à un niveau de précipitations record pour la saison. Afin de donner un point de référence, selon l’Organisation météorologique mondiale, il est tombé en deux jours l’équivalent de deux mois de précipitations.
Quelques semaines avant ces inondations, c’était le Canada et les Etats-Unis qui étaient touchés par une vague de chaleur également record. En effet, le village de Lytton en Colombie-Britannique a atteint des températures allant jusqu’à 49.6°C.
Une question est revenue systématiquement à chacune de ces conditions météorologiques extrêmes : le changement climatique est-il à l’origine de ces phénomènes ? Comme évoqué dans le premier paragraphe, ce constat était déjà à l’ordre du premier rapport du GIEC en 1990. Il est également aujourd’hui communément diffusé par la communauté scientifique que le réchauffement climatique intensifiera ces phénomènes naturels extrêmes.
Plusieurs scientifiques ont collaboré pour le World Weather Attribution, afin d’étudier comment le réchauffement climatique lié aux activités humaines, a impacté les régions touchées par la vague de chaleur et où les activités humaines sont présentes, notamment les villes de Portland, Seattle et Vancouver.
Les principales observations sont :
- La vague de chaleur accompagnée des températures journalières maximum n’auraient virtuellement pas eu lieu dans ces zones sans le changement climatique causé par l’activité humaine.
- Bien qu’il soit difficile d’estimer la rareté de cet évènement, sa période de retour est estimée à environ 1000 ans. Sans le changement climatique induit par l’homme celui-ci aurait été au moins 150 fois plus rare.
- Les chercheurs affirment également que cet évènement était 2°C plus chaud que s’il l’avait été au début de l’ère industriel.
- Concernant le futur, dans un monde de 2°C plus chaud (soit 0,8°C plus chaud qu’actuellement), cet évènement aurait été d’1°C plus chaud. Un évènement comme celui-ci qui se passerait 1 fois tous les 1000 ans, surviendrait tous les 5 à 10 ans.
L’Union Européenne, quant à elle, a décidé de lutter contre le changement climatique via un Règlement « loi climat ». Celui-ci prévoit dans les grandes lignes :
- Un objectif de neutralité climatique pour 2050 au plus tard ;
- La création d’un comité scientifique qui rendra des avis sur le changement climatique ainsi que l’obligation pour les Etats Membres de mettre en place un organe consultatif sur le climat ;
- Un objectif intermédiaire d’une réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 ;
- L’adoption d’une véritable stratégie d’adaptation au changement climatique ;
- Une évaluation des progrès et des mesures de l’Union tous les 5 ans et une première fois au plus tard le 30 septembre 2023, les mêmes règles sont d’application pour les mesures nationales.
Deux questions s’imposent ; la première étant : cela sera-t-il concrètement mis en pratique ? Dans le cas positif, sera-t-il suffisant ?
Ne disposant pas d’une boule de cristal, il est difficile de pouvoir répondre à ces questions. Cependant, nous pouvons constater que les considérants qui ont menés à l’élaboration de ce Règlement sont encourageants.
Par ailleurs, c’est avec ces considérants qu’il est possible de faire le lien avec l’agriculture et l’alimentation durable.
En effet, il est fait référence à la nécessité de se pencher sur les risques sanitaires liés au climat tels que les vagues de chaleur, les feux de forêt et les inondations plus fréquents et plus intenses, les menaces sur la sécurité et la sûreté des aliments et de l’eau.
Il est évident que toutes ces conséquences liées au changement climatique impacteront durement l’agriculture. Nous pouvons actuellement le constater dans notre pays à la suite des inondations qui nous ont touché fin juillet. Il est donc plus que nécessaire de penser durablement notre alimentation et a fortiori notre agriculture.
Il est également mis en évidence que ledit Règlement respecte les droits fondamentaux et tout particulièrement l’obligation d’offrir à la population un niveau élevé de protection de l’environnement.
Nous pouvons déjà penser que par ces deux considérants et la portée dudit Règlement, les futures décisions qu’elles soient étatiques ou européennes devront toujours avoir au centre de leurs préoccupations la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. Nous restons donc curieux de voir quels impacts ceci pourrait avoir sur les prochaines législations. Notamment, via le 9ème considérant qui stipule bien que les actions de l’Union et des Etats membres devraient reposer sur le principe de précaution et le principe du « pollueur-payeur » (TFUE), et devraient également tenir compte du principe de « primauté de l’efficacité énergétique » et du « principe de ne pas nuire » issu du pacte vert pour l’Europe.
Par ailleurs, en parallèle du principe du pollueur-payeur, le 22ème considérant indique le souhait de développer un nouveau modèle d’entreprise vert pour récompenser les gestionnaires des terres pour les réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Des récompenses seront donc également développées.
En bref, nous pouvons constater in fine, que plusieurs décisions prises actuellement et à l’avenir impacteront la manière de cultiver les sols et donc a fortiori la manière d’alimenter la population.
Le GIEC nous a, en effet, mis en garde à maintes reprises concernant les catastrophes désastreuses du changement climatique. Le lundi 9 août 2021 le dernier rapport du groupe 1 du GIEC a été mis en ligne, celui-ci avance que nous atteindrons les 1,5°C plus chaud, dix ans plus tôt soit en 2040. Malgré cet alarmant constat, ils nous disent également qu’il n’est pas encore trop tard et que nous pouvons toujours limiter le réchauffement à cette fameuse limite de 1,5°C.
Pour conclure ce bref résumé, quoi de mieux que de vous renvoyer directement vers les informations scientifiques et le condensé de celui-ci : https://www.ipcc.ch/report/sixth-assessment-report-working-group-i/
Diffusons-le et éduquons-nous ainsi que les générations futures sur base de ces conclusions et surtout, à l’échelle de tout un chacun, soyons acteurs de ce changement de mode de vie.