46 projets pour accélérer la transition du système alimentaire wallon
« Relocaliser, reconquérir un peu d’autosuffisance alimentaire, c’est renforcer la résilience »
Pour Olivier De Schutter, professeur de droit international à l’UCLouvain et ancien Rapporteur spécial aux Nations Unies pour le droit à l’alimentation, la relocalisation de notre alimentation s’avère nécessaire si l’on veut atteindre une certaine souveraineté alimentaire et ainsi renforcer la résilience de notre système .
Cet objectif, de nombreuses initiatives le portent au niveau local.
En les considérant comme de véritables « laboratoires pour développer l’alimentation durable », la Ministre wallonne en charge du développement durable, Céline Tellier, a choisi de soutenir, en collaboration avec ses homologues, les ministres de l’agriculture et de l’action sociale, 46 projets qui s’inscrivent dans une dynamique de reterritorialisation de notre alimentation afin d’accélérer la transition du système alimentaire wallon .
Nous vous proposons un tour d’horizon de ces projets et du suivi qui leur sera apporté afin d’appréhender les enjeux de l’approche territoriale dans une dynamique de transition.
Une approche collaborative
Le soutien accordé par la Région wallonne aux 46 projets sélectionnés correspond à un montant de maximum 100.000€ par projet et par an durant 3 ans. En plus de couvrir des frais de fonctionnement, ce budget permettra aux structures d’engager l’équivalent d’1,5 ETP pour un total de 11,7 millions d’euros.
Les expériences engrangées sur le terrain par ces différentes initiatives seront capitalisées au niveau du Collège wallon de l’Alimentation Durable (CWAD) et enrichiront les travaux de l’Alliance Emploi Environnement (AEE) pour l’Alimentation lancée par le Gouvernement Wallon en juillet 2020 qui elle-même transmettra ses priorités aux porteurs de projets locaux.
La collaboration est donc au cœur de ce processus.
C’est d’ailleurs ce que prévoit la Stratégie Manger Demain dont l’objectif est d’aménager un cadre « au sein duquel les initiatives locales et régionales se placeront, se coordonneront et se développeront », et ce étant donné la transversalité de la thématique qui, en plus d’impliquer différentes compétences politiques et niveaux de pouvoir, engage une multitude d’acteurs territoriaux.
Pour une mise en cohérence
Si la Direction du Développement Durable du Service Public de Wallonie est en charge de la coordination de cet appel projet, du suivi administratif et financier des projets et s’assure, avec le Cabinet de la Ministre Céline Tellier de leur mise en œuvre, c’est à la Cellule Manger Demain que revient la mission de mise en cohérence des différents projets.
En effet, en vue de favoriser une dynamique de transition du système alimentaire dans son ensemble, une stratégie de mise en cohérence des projets selon une approche territoriale s’avère pertinente.
Ce rôle pourra être assuré par la Cellule, d’une part étant donné son implication à un niveau transversal, mais également au travers de sa connaissance des acteurs et dynamiques locales en alimentation durable sur l’ensemble du territoire de la Région Wallonne.
L’objectif ? Favoriser les complémentarités et échanges, éviter les recouvrements, mais également véhiculer des informations et partager des supports qui pourraient s’avérer utiles aux différents projets.
Concrètement, une organisation par « pool » a déjà permis aux différents acteurs de se rencontrer autour d’un des objectifs au cœur de leur projet. Parmi les 46 projets :
- 12 projets ont pour ambition la création ou le développement de filières ;
- 8 projets dont l’objectif principal est la mise en place ou le développement d’outils logistiques et de commercialisation ;
- 10 projets sont axés sur la gouvernance territoriale ;
- 10 projets s’orientent vers l’approvisionnement ou le soutien aux acteurs économiques ;
- 6 projets intégrés à dimension sociale.
Des espaces de réseautage, des contacts et échanges directs mais aussi la mise à disposition d’un espace partagé sur le portail Manger Demain participeront à créer des synergies entre les acteurs.
Finalement, la Cellule se mettra au service des projets en leur proposant de solliciter, selon leurs besoins, différentes expertises capables de leur apporter soutien et plus-value. Ces expertises pourraient émaner du Collège des Producteurs, de la Sowalfin, de Wagralim ou d’autres membres du CWAD.
Ce dispositif a pour but d’éviter les écueils d’une approche sectorielle ou « en silo », en s’orientant vers un suivi territorialisé au travers d’une dynamique collaborative et de mise en réseau. Il est donc en adéquation avec l’objectif de l’appel à projet qui est de fédérer les acteurs autour d’un projet de résilience alimentaire territoriale, en vue d’accélérer la transition du modèle dominant.
Pour aller plus loin...
- Liste des 46 projets soutenus par le Gouvernement Wallon : https://tellier.wallonie.be/home/presse–actualites/publications/46-projets-pour-soutenir-la-relocalisation-de-lalimentation-en-wallonie.html
- La relocalisation alimentaire en débat, SOS Faim, Novembre 2020, https://www.sosfaim.be/la-relocalisation-alimentaire-en-debat/#_ftn1
- Guide : Vers la résilience alimentaire. Faire face aux menaces globales à l’échelle des territoires, Les Greniers d’abondance, Février 2020. https://resiliencealimentaire.org/
- Système agroalimentaires alternatifs « Sortir de la niche ». Le cas de la ceinture alimentaire liégeoise, Barricades, 2015. http://www.barricade.be/sites/default/files/publications/pdf/2015_-_etude_-_systemes_agroalimentaires_alternatifs.pdf